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Grande tendance 10 : La démocratisation de la longévité

L'espérance de vie a connu une augmentation spectaculaire dans le monde depuis le XVIIIe siècle. L’émergence de la médecine préventive et des vaccins qui ont permis de réduire la mortalité infantile, la révolution agricole et commerciale et les progrès en matière d’hygiène ont largement contribué à cette augmentation. Cette évolution de l’espérance de vie a été plus marquée dans les pays développés

Aujourd’hui, l’espérance de vie est très inégale d’une région géographique à l’autre, et même au sein d’une même région. La récente recherche de la Society of Actuaries (SOA) en témoigne : l’inégalité de l’espérance de vie se creuse entre les déciles socioéconomiques les plus bas et les plus élevés observés au niveau des comtés aux États-Unis. La différence d’espérance de vie à la naissance entre ces groupes socioéconomiques est passée de 4,1 ans à 7,2 ans, et de 1,6 an à 5,8 ans, pour les hommes et les femmes respectivement, entre 1982 et 2018.

Le concept de « démocratisation de la longévité » consiste à rendre la longévité ou la « longue vie » accessible à tous, dans tous les pays et dans tous les milieux. Beaucoup reconnaîtront que ce concept est à la fois souhaitable et idéaliste.


Selon moi, malgré l’aggravation récente des inégalités, nous assisterons à l’avenir à une plus grande démocratisation de la longévité grâce aux innovations dans le domaine des technologies de la santé, en particulier dans les trois domaines suivants : une meilleure prévention des maladies, une meilleure abordabilité de ces innovations, et une plus grande accessibilité à celles-ci.

Regard sur l’évolution de l’espérance de vie

L’illustration ci-dessous montre l’évolution de l’espérance de vie à la naissance pour sept pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : le Canada, la Hongrie, le Japon, la Lettonie, la Pologne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Dans ces sept pays, l’espérance de vie des hommes à la naissance variait entre 64,8 ans et 68,2 ans en 1960, et entre 69,8 ans et 81,1 ans en 2017, ce qui indique une augmentation de l’inégalité de l’espérance de vie de près de huit ans entre ces pays sur cette période. Pour les femmes, l’augmentation était d’environ quatre ans. L’inégalité de l’espérance de vie est plus manifeste et préoccupante si l’on considère, par exemple, les pays en développement d’Afrique, dont l’espérance de vie moyenne était d’environ 63 ans en 2019.

Source : Données de la Human Mortality Database. University of California, Berkeley (États-Unis), et Max Planck Institute for Demographic Research (Allemagne). URL : (données téléchargées le 10 août 2021).

Remarque : L’espérance de vie en 2018 pour la Hongrie n’était pas disponible à la date du téléchargement.



Les innovations dans le domaine des technologies de la santé permettront de réduire les inégalités en matière d’espérance de vie

Depuis mon plus jeune âge, je suis fasciné par l’idée de vivre très longtemps, mais ce n’est qu’au début de ma carrière que j’ai pris conscience de la complexité des facteurs qui influent sur ce résultat.

Premièrement, l’inégalité en matière de longévité dépend de facteurs individuels, c’est-à-dire de facteurs liés à la biologie, au statut ou au mode de vie d’une personne (p. ex. le sexe, la génétique, le revenu, l’éducation, l’emploi et la situation géographique). Outre le sexe et la génétique, les facteurs individuels sont en grande partie liés aux choix de vie de chacun. Si les individus adoptent un mode de vie sain, leurs chances de vivre plus longtemps s’en trouvent certainement améliorées, mais ce n’est qu’un élément du problème. D’un point de vue plus général, pour combler les inégalités en matière d’espérance de vie, il sera nécessaire de traiter les questions sociales et économiques qui touchent la société, telles que les inégalités de richesse et l’efficacité des systèmes de soins de santé.

Si nous luttons contre les inégalités de richesse entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci, nous renforcerons la démocratisation de la longévité, mais, selon moi, nous ne tirerons pas de bénéfices immédiats de cette démarche. Si nous continuons à nous concentrer sur les innovations dans le domaine des technologies de la santé, je pense que nous verrons de nouvelles améliorations dans le rendement et la prestation des services de santé. La technologie peut permettre de réduire les coûts des soins de santé et d’améliorer leur accessibilité afin de lutter contre les inégalités. D’une manière générale, si les services de santé sont de grande qualité, accessibles et abordables pour tous, nous obtiendrons de meilleurs résultats en matière de santé et la population mondiale sera en meilleure santé.

Le principal facteur d’égalité?

Une meilleure prévention des maladies

Les vaccins révolutionnaires contre des maladies telles que la variole, la rougeole et la polio sont en grande partie responsables de l’augmentation de l’espérance de vie au cours des 100 dernières années. Des chercheurs travaillent actuellement à la mise au point d’un vaccin universel contre la grippe dans le but de protéger contre les souches de grippe existantes ou émergentes, ce qui pourrait rendre inutile la vaccination annuelle contre la grippe. Ainsi, le nombre de décès dus à la grippe saisonnière pourrait être réduit et les effets des pandémies de grippe atténués.

En outre, l’intelligence artificielle (IA) a transformé le secteur des soins de santé et continuera à contribuer à la prévention des maladies chroniques. Grâce à l’IA, les professionnels des soins de santé parviennent déjà à diagnostiquer plus rapidement et plus précisément les patients et à détecter les maladies.

Une plus grande accessibilité

Dans une publication de 2019 , l’OCDE a indiqué que des obstacles entravant l’accès aux traitements subsistent dans tous les pays : 20 % des adultes qui ont besoin de consulter un médecin ne le font pas, et l’accès est encore plus limité pour les personnes qui se situent au bas de l’échelle sociale.

La télésanté a connu un certain succès dans le domaine de l’accessibilité physique aux soins en mettant en relation médecins et patients à l’aide de logiciels de vidéoconférence. Les personnes en situation de handicap, gravement malades ou défavorisées sur le plan géographique ont ainsi la possibilité d’accéder à des conseils médicaux sur demande et de supprimer les temps de déplacement inutiles. La pandémie de coronavirus a entraîné une augmentation de l’utilisation de la télésanté dans les groupes à faible revenu, et avec le confort des soins à domicile et de la surveillance depuis son téléphone portable, son adoption à grande échelle pourrait se poursuivre dans les communautés rurales et les pays développés. La télésanté a également fait émerger le concept de « communauté de soins », qui consiste à mettre en relation les centres de santé locaux avec des centres d’expertise spécialisés, dotés du personnel et de la technologie nécessaires.

Une meilleure abordabilité

Les progrès médicaux évoqués ne parviendront pas à démocratiser la longévité s’ils ne sont pas abordables. En effet, s’ils ne sont pas abordables, ils risquent d’accroître encore davantage les inégalités en matière d’espérance de vie.

Heureusement, l’ère technologique avec l’IA, les solutions de l’« Internet des objets » et l’informatique en nuage ont ouvert la voie à la réduction des coûts des soins de santé en facilitant l’accomplissement des tâches avec plus de rapidité, de précision et une utilisation moindre des ressources. Citons par exemple l’automatisation des tâches administratives et la numérisation des informations et des infrastructures de santé. Le secteur de la santé est souvent critiqué pour son inefficacité et l’augmentation de ses coûts. Pourtant, l’adoption croissante des nouvelles technologies offre de réelles possibilités.

Nous devrions également rechercher des solutions plus adaptées pour ceux qui ne peuvent pas s’offrir les soins de santé et les assurances traditionnels, comme la microassurance. Elle fonctionne de la même manière que l’assurance conventionnelle, à la différence qu’elle est conçue pour offrir certains niveaux de couverture pour des primes très basses. Elle s’adresse particulièrement à 50 % des ménages les plus pauvres du monde (ce qui la rend pertinente pour près de 80 % de la population dans certains pays).

Dans l’ensemble, je pense qu’une plus grande démocratisation de la longévité est possible grâce à l’adoption de technologies de la santé, tout en veillant à les rendre accessibles et abordables. J’ai bon espoir, mais plusieurs défis nous attendent. Pour que cette situation devienne réalité, les gouvernements, les professionnels des soins de santé et les patients devront accepter ce que l’avenir de la santé leur réserve, et s’y fier. Des partenariats mondiaux seront également nécessaires pour mettre en place des écosystèmes qui faciliteront l’innovation inclusive.

Qu’en pensez-vous?

Allons-nous assister à l’avenir à une plus grande démocratisation de la longévité à travers le monde et au sein des pays?

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